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ENSEIGNEMENT-SCOLAIRE ET PRESCOLAIRE AU MAROC

La situation du préscolaire

au Maroc

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NDLR: Il s'agit de structures "officielles" et non des petites structures mises en place dans les milieux ruraux par des associations socio-culturelles par exemple.

 

 
 

La complexité du système préscolaire marocain

Au Maroc, le préscolaire : - appartient dans sa totalité au secteur privé et relève de plusieurs instances de tutelles relativement cloisonnées, - fonctionne avec une majorité d’éducateurs n’ayant bénéficié d’aucune formation spécifique dans le domaine de la petite enfance, - se compose de différents types de structures d’accueil dans lesquelles chacune définit ses orientations pédagogiques sous la pression des parents.

LES DIFFERENTS TYPES D’INSTITUTIONS PRESCOLAIRES

En 1997, environ 820’000 enfants, entre trois et sept ans fréquentaient une institution préscolaire, soit environ 1 enfant sur 3.

Ces structures d’accueil peuvent être classées en quatre grandes catégories :

ƒnLes écoles maternelles:

Elles relèvent de différentes ambassades (française, espagnole et américaine). Ces écoles sont fréquentées par des enfants étrangers mais elles accueillent également des enfants marocains. C’est l’école française qui regroupe, dans cette catégorie, le plus grand nombre d’enfants (environ 1’900) avec une vingtaine d’établissements implantés dans les principales villes du pays. Ces écoles maternelles bénéficient d’une grande autonomie, les enseignants suivent les programmes du système éducatif de leur pays respectif.

ƒnLes jardins d’enfants:

Ils sont également appelés garderies d’enfants, clubs d’enfants ou encore crèches. Ils relèvent de départements ministériels: le ministère de la Jeunesse et des Sports et le ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales, d’instances publiques ou semi-publiques (comme les Forces Armées Royales, l’Office Chérifien des Phosphates, la Banque Populaire…) ou encore d’organismes non gouvernementaux (comme la Ligue de Protection de l’Enfance ou diverses associations). Ces jardins d’enfants ont souvent une visée sociale et sont implantés dans les différentes provinces du Maroc.

Dans cette catégorie, c’est le Ministère de la Jeunesse et des Sports qui accueille le plus grand nombre d’enfants, environ 14’200, dans ses 284 établissements. Ces jardins d’enfants bénéficient d’une aide de la part de leur organisme de tutelle sous des formes diverses: octroi de locaux, mise à disposition de personnel, organisation de stages de formation,…

Les établissements préscolaires modernes:

Ils peuvent être des jardins d’enfants ou des groupes scolaires. Le groupe scolaire est une institution qui ne se limite pas à l’enseignement préscolaire mais englobe tout le primaire et quelquefois même le secondaire. Ces établissements sont placés sous la tutelle de la Direction de la Coopération et de la Promotion de l’Enseignement Privé du ministère de l’Education nationale qui est habilitée à délivrer les autorisations d’ouverture et à assurer la supervision pédagogique. Ces établissements sont le plus souvent bilingues et optent pour un enseignement moderne.

Les écoles coraniques:

Elles se divisent en deux catégories:

- les M’sid, structures traditionnelles, placées sous la tutelle du ministère des Habbous et des Affaires Islamiques. Le M’sid se situe généralement à côté de la mosquée et a pour principale vocation l’éducation religieuse de l’enfant. Ces structures se rencontrent surtout en milieu rural.

- les Kouttab préscolaires placés sous la tutelle de la Direction de l’Appui Educatif du ministère de l’Education nationale qui est habilitée à délivrer les autorisations d’ouverture et à en assurer la supervision pédagogique. Le Kouttab préscolaire est une institution qui se situe à mi-chemin entre le M’Sid et le Jardin d’enfants.

QUELQUES DONNEES CHIFFREES RELATIVES AUX NOMBRES D’INSTITUTIONS ET AUX EFFECTIFS D’ENFANTS PRESCOLARISES

Au Maroc, la structure d’accueil préscolaire qui prédomine est le Kouttab préscolaire ou école coranique rénovée. Il représente plus de 86% des établissements existants. Les établissements préscolaires modernes représentent 12% des structures d’accueil et les jardins d’enfants arrivent en troisième position, avec un peu plus d’1,48%. Sur l’ensemble des enfants préscolarisés, 73% d’entre eux vont dans un Kouttab, et près de 27% fréquentent un établissement préscolaire moderne ou un jardin d’enfants.

 

 

 

 

Ces estimations sont fournies par la Direction des Statistiques dans «LES INDICATEURS SOCIAUX 1996», Premier Ministre - Ministère Chargé de la population.

 

Dans le Kouttab, on observe une sous-représentation des fillettes avec seulement 25% contre 75% de garçons. Par contre, dans les établissements préscolaires modernes, le taux des fillettes est presque égal à celui des garçons. Ces inégalités n’incombent pas au type de l’institution mais plutôt à son lieu d’implantation. En effet, dans les grandes villes, le taux de préscolarisation des filles dans les écoles coraniques est très proche de celui des établissements préscolaires modernes (44% pour Casablanca et même 52% pour Rabat). Par contre, dans certaines zones du Nord Ouest, le Kouttab n’accueille pratiquement aucune fille comme à Chefchaouen avec 1,6% de fillettes ou à Larache avec 2,1%.

 

 

 

 

LES DEUX TYPES DE STRUCTURES D'ACCUEIL LES PLUS FREQUENTEES

 

* LE KOUTTAB PRESCOLAIRE

Le Kouttab préscolaire représente incontestablement la structure d’accueil la plus fréquentée. En effet, sur l’ensemble des enfants préscolarisés, sept enfants sur dix vont dans un Kouttab. C’est aussi l’institution la plus mal connue du public. Nombreuses sont les personnes qui ont fréquenté l’école coranique dans leur jeune âge et qui pensent que cette institution est restée la même.

Les Kouttab sont au nombre de 28’095, ils sont implantés dans l’ensemble du pays. Dans les villes et dans les petits centres urbains, les M’sid traditionnels (école religieuse tenue par un fkih qui enseigne aux enfants des versets du Coran sur une petite tablette de bois) ont connu des transformations à partir des années 60.

En effet au lendemain de l’Indépendance, le développement de l’école publique entraîne des changements sociaux. Les parents qui traditionnellement mettaient leurs enfants dans des écoles coraniques vers l’âge de quatre ans jusqu’au moment de leur entrée dans la vie active vers 10-12 ans les envoient dorénavant à l’école publique. Il ne reste plus dans les écoles coraniques que les plus jeunes enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de la scolarisation. L’école publique va non seulement absorber une grande partie des enfants mais également des enseignants. Ces derniers, seront mis à contribution pour l’enseignement de la langue arabe et de l’éducation islamique. C’est le Discours Royal du 9 octobre 1968 qui va institutionnaliser ce nouveau rôle du Kouttab en lui donnant une double dimension: ancrer le jeune enfant dans son identité arabomusulmane et le préparer à l’école primaire grâce à l’introduction de nouvelles activités comme la lecture, l’écriture et le calcul, le chant et la culture physique.

Description des Kouttab préscolaires

Ils sont situés au rez-de-chaussée de maison d’habitation à un ou deux étages. Deux à quatre pièces font office de salles de classe dans lesquelles les enfants sont répartis par tranche d’âge, une pièce est réservée au bureau du responsable du Kouttab. La cour de récréation est souvent inexistante.

Le mobilier se compose de pupitres et de bancs pour les enfants, d’un bureau et d’un tableau pour le maître. Ce tableau constitue souvent l’unique support pédagogique. Le nombre d’enfants par salle de classe est toujours excessif car du fait de la scolarité payante et du faible montant mensuel exigé aux parents (en moyenne de 10 à 80 dirhams), le directeur est contraint à multiplier le nombre d’inscrits pour permettre à son institution de survivre.

Il est à remarquer qu’en zone urbaine, où près d’un quart de la population féminine est active, certains Kouttab accueillent également des bébés. Les pratiques pédagogiques vont être en grande partie, déterminées par le type du local, son aménagement et son mobilier.

Il est évident que cette organisation favorise une pédagogie centrée sur le maître et des activités d’apprentissage et de mémorisation. Toutes les activités favorisant le mouvement, la créativité, la communication, l’autonomie et le jeu chez l’enfant trouvent difficilement leur place. De façon générale, il existe une très forte corrélation entre la situation générale du Kouttab et le niveau socio-économique du quartier dans lequel il se situe.

Les éducateurs des Kouttab

Dans les Kouttab, le personnel est formé du directeur (qui peut être un fkih) et d’un nombre variable d’éducatrices et d’éducateurs. En effet, l’introduction de nouvelles activitéséducatives dans les Kouttab a conduit l’ancien fkih à recruter de jeunes gens souvent en rupture de scolarité. Le directeur a rarement la responsabilité de la classe, il s’occupe surtout de veiller à la «bonne marche» de son institution: gestion des frais de scolarité et surveillance du personnel. Le nombre d’éducateurs dans le Kouttab est toujours calculé en fonction du nombre des classes, on ne rencontre jamais de personnel supplémentaire. Il existe au total 29'525 éducateurs dans les Kouttab. Leur niveau scolaire se situe entre la fin de l’enseignement primaire et le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. La rémunération dans ce secteur est très faible et les conditions de travail très précaires ce qui explique la grande instabilité du personnel de ce secteur. Il n’existe aucun statut de l’éducateur.

L’encadrement pédagogique

- Les conseillers pédagogiques : L’encadrement pédagogique du personnel des Kouttab est assuré par environ 500 conseillers pédagogiques qui sont des fonctionnaires du ministère de l’Education nationale. Au départ, cette fonction a été proposée à des personnes âgées ayant exercé la fonction d’instituteur pendant environ 25 ans et ayant une connaissance parfaite du Coran. Leur identité professionnelle première les entraîne bien souvent à reproduire le système de l’école primaire dans le Kouttab plutôt que de participer à une définition de l’éducation préscolaire. Cependant, depuis 1992 le ministère de l’Education nationale a décidé d’appliquer des normes plus strictes pour le recrutement de ces conseillers pédagogiques. Il privilégie les personnes âgées de moins de 45 ans, lauréats du Centre de Formation des Instituteurs et ayant une expérience d’animation et de communication.

- Les inspecteurs : Depuis 1992, le Ministère de l’Education Nationale a également mis à la disposition du préscolaire 14 inspecteurs, lauréats du Centre de Formation des Inspecteurs. De 1990 à 1995, les éducateurs, les conseillers pédagogique et les inspecteurs ont pu bénéficier dans sept délégations du Maroc d’une formation-continue dans le cadre d’une recherche-action visant l’introduction de l’innovation pédagogique dans les Kouttab préscolaires. Ce projet s’est déroulé dans le cadre d’un partenariat entre l’équipe A.T.F.A.L.E. et la Direction du Préscolaire et du Premier Cycle de l’Enseignement Fondamental.

* LES ETABLISSEMENTS PRESCOLAIRES MODERNES

Eléments essentiels différenciant les établissements préscolaires modernes du Kouttab préscolaire :

Les établissements préscolaires modernes, au nombre de 3’926, sont en augmentation constante ces 3 dernières années [1995-1997, NDLR]. Ils se situent essentiellement dans les zones urbaines et sont implantés en majorité dans des quartiers économiquement favorisés. Les frais de scolarité se situent dans une fourchette très large (qui va de 150 dirhams à plus de 1’000 dirhams par mois).

Leurs locaux sont installés dans des villas dont le jardin sert de cour de récréation. Il est à noter que les nouveaux groupes scolaires qui disposent de moyens financiers importants tendent à construire leur établissement et de ce fait proposent des infrastructures mieux adaptées aux jeunes enfants. La majorité de ces institutions préscolaires pratiquent un enseignement bilingue. Les pratiques éducatives se limitent souvent à une juxtaposition d’activités sans continuité ni progression. Le personnel est composé du chef d’établissement, d’éducatrices et «d'aides». Le chef d’établissement joue le rôle de «leader» pédagogique. C’est lui qui conçoit les programmes et prépare les activités. Les éducatrices se limitent souvent à exécuter ses directives.

Actuellement, dans ce secteur on compte 7’028 éducatrices. Contrairement à leurs collègues des Kouttab, elles sont plus stables dans la profession dans la mesure où elles sont mieux rémunérées. Elles ont également un niveau d’étude supérieur à celui de leurs collègues des Kouttab. Leur niveau d’étude se situe entre la fin des études secondaires et la licence. Là encore, l’immense majorité n’a bénéficié d’aucune formation dans le domaine de la petite enfance. Cependant certains chefs d’établissement commencent à sentir la nécessité d’instaurer un système de formation continue pour leurs enseignants.

Dans ce cadre, le Service Culturel de l’Ambassade de France a initié, depuis 1995, un projet de formation continue pour les groupes scolaires et les jardins d’enfants. Les Instituts Français organisent, dans plusieurs villes du Maroc, en coopération avec l’équipe A.T.F.A.L.E., des sessions de formation continue en faveur des éducatrices.

LE ROLE DES PARENTS DANS LE PRESCOLAIRE MAROCAIN

Les parents jouent un rôle primordial dans la définition de l’éducation préscolaire au Maroc dans la mesure où ils financent entièrement la préscolarisation de leurs enfants. Ils définissent des attentes vis à vis de l’institution et n’hésitent pas à retirer leurs enfants si elles ne sont pas respectées. Cette pression constante pousse bien souvent le chef d’établissement à faire passer les exigences des parents avant l’intérêt du jeune enfant.

Ainsi, le rôle de l’institution préscolaire varie de la ville à la campagne, d’un quartier à un autre, d’une catégorie sociale à l’autre. Il peut être tour à tour lieu de gardiennage, lieu d’éducation religieuse, lieu d’alphabétisation, lieu d’apprentissage des langues étrangères ou bien encore un brassage de l’ensemble. Cependant, la tendance générale soutenue par la pression des parents veut que l’institution préscolaire soit le lieu où les enfants apprennent à lire et à écrire sans aucune considération de leur âge. Cet apprentissage précoce semble garantir à leurs yeux la réussite scolaire future de leurs enfants. Cette situation rencontre l’adhésion des éducateurs qui n’ayant ni formation ni expérience personnelle de l’école maternelle n’ont qu’à reproduire le modèle de l’école primaire tel qu’ils l’ont eux-mêmes vécu. L’institution préscolaire tente d’imiter l’école primaire en reproduisant ses activités et en imposant des apprentissages et des méthodes inadaptées aux aptitudes des jeunes enfants.

L’éducateur s’adresse en permanence à l’ensemble des enfants, le travail en petits groupes et la relation individualisée sont quasi absents. Les activités ludiques, l’éducation physique, les arts plastiques, l’éducation musicale constituent souvent aux yeux de l’éducateur des activités récréatives et ne sont proposées qu’en guise de récompenses. A l’heure actuelle, où de nouvelles aptitudes telles que la créativité, l’adaptabilité, l’initiative, sont attendues sur le marché du travail, ces méthodes pédagogiques apparaissent de plus en plus en déphasage avec les compétences à développer chez le jeune enfant.

CONCLUSION

Le préscolaire au Maroc est une situation complexe.

En effet comment parvenir à une définition et à une organisation consensuelles du préscolaire compte tenu de la diversité des institutions et des instances de tutelle ?

Comment répondre aux besoins de formation de plus de 35’000 éducateurs déjà en activité ?

Comment définir une formation initiale qui répond aux besoins réels de la société et qui implique tous les acteurs du préscolaire ?

Comment impliquer les parents pour un meilleur développement de ce secteur ?

Comment développer une éducation préscolaire qui ne vienne pas aggraver les inégalités socioculturelles ?

Comment créer un réseau de solidarité et de communication entre les établissements ?

 

 
 

Source des informations: Adaptation du texte issu des Actes du COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L’EDUCATION PRESCOLAIRE: PROBLEMATIQUES ET PERSPECTIVES des 26, 27 et 28 Novembre 1997 à Rabat/Maroc. Communication de Brigitte EL ANDALOUSSI Professeur formateur – Coopérante du Gouvernement français à la Faculté des Sciences de l’Education- Rabat –Maroc (Membre d’A.T.F.A.L.E.)

Informations complémentaires sur l'association:

A.T.F.A.L.E. (ALLIANCE DE TRAVAIL DANS LA FORMATION ET L’ACTION POUR L’ENFANCE) est une organisation non gouvernementale de recherche et d’action à but non lucratif, qui vise le développement d’une éducation préscolaire de qualité pour l’ensemble des jeunes enfants, sans discrimination de sexe ni d’origine sociale.

LES OBJECTIFS DE L’O.N.G. A.T.F.A.L.E. :

- Développer une conception de l’éducation préscolaire, basée sur le respect des besoins de l’enfant et de son environnement socioéconomique et culturel.

 - Contribuer à l’introduction de l’innovation pédagogique dans les institutions préscolaires existantes. - Promouvoir des recherches, des actions et des publications en faveur de l’éducation préscolaire et de la petite enfance.

 - Organiser et mettre en oeuvre des stratégies de formation et de sensibilisation à effet démultiplicateur, pour les acteurs de l’éducation préscolaire.

 - Participer activement au développement de l’éducation préscolaire et de la petite enfance en coopération avec les O.N.G. et les instances nationales et internationales.

Sources des photos: www.casafree.com; cha-di-a.blogspot.com; portal.unesco.org; www.ambafrance-ma.org